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“La Ceinture et la Route” : au Kenya, la dette auprès de la Chine inquiète

Cette semaine, la Chine a accueilli les représentants de 130 pays pour un forum sur les Nouvelles routes de la soie, un ambitieux projet d’infrastructures lancé par Xi Jinping il y a 10 ans. Le président kényan William Ruto participait à ce rendez-vous diplomatique. Son pays, lourdement endetté auprès de Pékin, envisage malgré tout de lui demander un prêt de 1 milliard de dollars.

“La monnaie kényane perd de sa valeur. Aujourd’hui, notre principal créancier est la Chine et, par conséquent, nous payons le prix fort et la majeure partie de nos revenus sert en fait à rembourser les prêts chinois, ce qui ne pourra pas durer”, explique Karuti Kanyinga, professeur de recherche à l’Institut d’études sur le développement de l’université de Nairobi.

Le Kenya a accumulé plus de 68 milliards de dettes auprès notamment de ses principaux créanciers. D’abord la Banque Mondiale, puis la Chine. Pékin a par exemple prêté 5 milliards de dollars à Nairobi pour la construction d’une ligne de train. C’est le projet d’infrastructure le plus cher du pays depuis son indépendance en 1963.

“La Chine ne prête pas attention aux questions de bonne gouvernance. Elle ne se préoccupe pas non plus de la corruption lorsqu’elle met en place des infrastructures et des projets en Afrique. C’est ce qui est le plus inquiétant dans la mesure où de nombreux pays ont vu des routes ou des infrastructures, voire de l’énergie, des installations portuaires dont le coût de construction laisse beaucoup à désirer”, poursuit.

La Chine rejette les critiques qui l’accusent de plonger certains pays africains dans le surendettement avec ses prêts colossaux. Lors d’une visite à Nairobi en juillet, le ministre des Affaires Etrangères chinois a vanté un partenariat gagnant-gagnant avec le Kenya.

FMI : hausse des contributions et un troisième siège pour l’Afrique

Les Etats membres du FMI ont accepté d’augmenter leurs contributions au prêteur mondial et d’accorder un troisième siège à l’Afrique au sein de son conseil d’administration, a annoncé le Fonds monétaire international samedi à Marrakech, au Maroc.

Ces deux points faisaient partie des objectifs affichés des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale qui se tiennent pour la première fois depuis 1973 sur le continent africain.

“Il y a eu un accord sur un accroissement significatif des quotas d’ici la fin de l’année”, a déclaré lors d’une conférence de presse Nadia Calvino, la ministre espagnole de l’Economie qui préside le comité financier du FMI.

Les quotas, qui sont basés sur la taille de l’économie d’un pays, déterminent le montant des fonds qu’un Etat doit fournir au FMI, son pouvoir de vote et le montant maximum des prêts qu’il peut obtenir.

Cette semaine, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, et le président de la Banque Mondiale, Ajay Banga, avaient pressé leurs membres d’intensifier le financement des institutions afin qu’elles puissent mieux soutenir les Etats dans la lutte contre la pauvreté et le changement climatique.

L’accord sur les quotas est “très réconfortant”, s’est félicitée Mme Georgieva. L’objectif est de “renforcer financièrement le Fonds pour que nous soyons en capacité d’intervenir en cas de choc supplémentaire”.

Interrogée pour savoir si le FMI allait modifier la répartition des votes, la directrice générale a déclaré: “les membres ont convenu que ce serait la prochaine étape et qu’il y aurait un chemin clair et un plan pour y parvenir”.

Actuellement, la distribution des quotas favorise les économies avancées, en particulier les pays européens, au détriment des grands pays émergents, Chine et Inde en tête, qui réclament depuis plusieurs années une réforme du système.

Mais les pays occidentaux, s’ils se disent ouverts sur le principe, se montrent en réalité rétifs à l’idée, craignant de voir le rôle de la Chine au sein du FMI se renforcer.

“A un certain moment, une révision des quotas sera inévitable”, a estimé mercredi à Marrakech le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

Mais “les pays émergents qui bénéficieront” d’une telle réforme, “notamment la Chine, doivent également accepter les règles du jeu communes”, a-t-il insisté.

Bien que la répartition des votes n’ait pas été modifiée, le FMI a accepté d’élargir son conseil d’administration de 24 à 25 membres, afin de donner un siège supplémentaire à l’Afrique, qui en détenait jusqu’à présent deux.

“Malgré toutes les difficultés, je ne peux que féliciter nos membres d’avoir trouvé cette voie de solidarité, dont dépendent des centaines de millions de personnes”, a déclaré Mme Georgieva, soulignant que la décision avait été “unanime”.