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Nigeria : le naira, une monnaie qui s’effondre

La récente chute libre du naira par rapport au dollar américain a provoqué un choc et une inquiétude généralisés au Nigeria.

Le naira a atteint un niveau record de 1 200 nairas pour un dollar sur le marché noir, un jour après que le naira de nouveau chuté sur le marché officiel faute de pénuries de dollars.

La monnaie de la plus grande économie d’Afrique s’est négociée à la baisse à 1 330 nairas pour un dollar sur le marché noir cette semaine. Cette dépréciation constante du naira est attribuée à des pénuries persistantes de dollars dans le système financier, et ce dernier continu de faire face à une demande croissante de billets verts.

“Pour stabiliser la situation, il faut que l’offre soit supérieure à la demande. Il fut un temps où l’on trouvait des dollars partout où l’on allait. Je pense qu’il faut ouvrir davantage de guichets pour que les gens puissent avoir librement accès aux dollars” a déclaré Aliyu Audu, économiste nigérian.

Pour cet économiste, le Nigeria n’a pas besoin d’importer, il recommande aux autorités de se référer aux politiques des années 80.

Aliyu Audu soutient qu’il faut “renforcer les entreprises locales comme Innoson Motors. Il faut que chaque fonctionnaire conduise nos véhicules, pour ralentir les importations de Toyota. Et à long terme, nous devons cesser de demander des dollars et remplacer tout ce que nous consommons par des produits locaux dans le cadre de l’industrialisation par substitution des importations. Pour ainsi diminuer notre dépendance aux dollars.”

Les experts estiment que la dépréciation continue du Naira a d’énormes répercussions sur l’économie locale, mais aussi sur l’ensemble des pays de la CEDEAO.

Nigeria : Tinubu annonce un budget de 34 milliards de dollars pour 2024

Le Nigeria prévoit de dépenser 34 milliards de dollars pour le budget 2024 et se basera sur un prix du pétrole de 73,96 dollars pour ses dépenses à un taux de change de 700 nairas pour un dollar, a déclaré lundi son ministre du Budget.

Le Conseil exécutif fédéral a approuvé lundi le budget pour l’année 2024, qui est près d’un cinquième plus élevé en nairas que le budget 2023.

S’adressant à la presse locale lundi, Atiku Bagudu, le ministre nigérien du budget et de la planification nationale a indiqué que cette enveloppe devrait permettre une croissance de 3,7 % en 2024, un chiffre supérieur aux 2,9 % prévus par le Fonds monétaire international.

Toujours dans le cadre du plan de dépenses de 2024, le Nigeria s’est donné comme objectif de produire 1,7 million de barils de pétrole par jour, ce qui représente une augmentation de 31 % par rapport aux niveaux de production actuels

Comme annoncé par le ministre du budget, le gouvernement mettra de côté 10,8 milliards de dollars pour le service de la dette.

Quant à l’inflation qui est actuellement de 27,7 %, son plus haut niveau depuis 20 ans, elle devrait se modérer à 21 % l’année prochaine, a précisé le ministre nigérien du budget et de la planification national.

“La Ceinture et la Route” : au Kenya, la dette auprès de la Chine inquiète

Cette semaine, la Chine a accueilli les représentants de 130 pays pour un forum sur les Nouvelles routes de la soie, un ambitieux projet d’infrastructures lancé par Xi Jinping il y a 10 ans. Le président kényan William Ruto participait à ce rendez-vous diplomatique. Son pays, lourdement endetté auprès de Pékin, envisage malgré tout de lui demander un prêt de 1 milliard de dollars.

“La monnaie kényane perd de sa valeur. Aujourd’hui, notre principal créancier est la Chine et, par conséquent, nous payons le prix fort et la majeure partie de nos revenus sert en fait à rembourser les prêts chinois, ce qui ne pourra pas durer”, explique Karuti Kanyinga, professeur de recherche à l’Institut d’études sur le développement de l’université de Nairobi.

Le Kenya a accumulé plus de 68 milliards de dettes auprès notamment de ses principaux créanciers. D’abord la Banque Mondiale, puis la Chine. Pékin a par exemple prêté 5 milliards de dollars à Nairobi pour la construction d’une ligne de train. C’est le projet d’infrastructure le plus cher du pays depuis son indépendance en 1963.

“La Chine ne prête pas attention aux questions de bonne gouvernance. Elle ne se préoccupe pas non plus de la corruption lorsqu’elle met en place des infrastructures et des projets en Afrique. C’est ce qui est le plus inquiétant dans la mesure où de nombreux pays ont vu des routes ou des infrastructures, voire de l’énergie, des installations portuaires dont le coût de construction laisse beaucoup à désirer”, poursuit.

La Chine rejette les critiques qui l’accusent de plonger certains pays africains dans le surendettement avec ses prêts colossaux. Lors d’une visite à Nairobi en juillet, le ministre des Affaires Etrangères chinois a vanté un partenariat gagnant-gagnant avec le Kenya.

FMI : hausse des contributions et un troisième siège pour l’Afrique

Les Etats membres du FMI ont accepté d’augmenter leurs contributions au prêteur mondial et d’accorder un troisième siège à l’Afrique au sein de son conseil d’administration, a annoncé le Fonds monétaire international samedi à Marrakech, au Maroc.

Ces deux points faisaient partie des objectifs affichés des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale qui se tiennent pour la première fois depuis 1973 sur le continent africain.

“Il y a eu un accord sur un accroissement significatif des quotas d’ici la fin de l’année”, a déclaré lors d’une conférence de presse Nadia Calvino, la ministre espagnole de l’Economie qui préside le comité financier du FMI.

Les quotas, qui sont basés sur la taille de l’économie d’un pays, déterminent le montant des fonds qu’un Etat doit fournir au FMI, son pouvoir de vote et le montant maximum des prêts qu’il peut obtenir.

Cette semaine, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, et le président de la Banque Mondiale, Ajay Banga, avaient pressé leurs membres d’intensifier le financement des institutions afin qu’elles puissent mieux soutenir les Etats dans la lutte contre la pauvreté et le changement climatique.

L’accord sur les quotas est “très réconfortant”, s’est félicitée Mme Georgieva. L’objectif est de “renforcer financièrement le Fonds pour que nous soyons en capacité d’intervenir en cas de choc supplémentaire”.

Interrogée pour savoir si le FMI allait modifier la répartition des votes, la directrice générale a déclaré: “les membres ont convenu que ce serait la prochaine étape et qu’il y aurait un chemin clair et un plan pour y parvenir”.

Actuellement, la distribution des quotas favorise les économies avancées, en particulier les pays européens, au détriment des grands pays émergents, Chine et Inde en tête, qui réclament depuis plusieurs années une réforme du système.

Mais les pays occidentaux, s’ils se disent ouverts sur le principe, se montrent en réalité rétifs à l’idée, craignant de voir le rôle de la Chine au sein du FMI se renforcer.

“A un certain moment, une révision des quotas sera inévitable”, a estimé mercredi à Marrakech le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

Mais “les pays émergents qui bénéficieront” d’une telle réforme, “notamment la Chine, doivent également accepter les règles du jeu communes”, a-t-il insisté.

Bien que la répartition des votes n’ait pas été modifiée, le FMI a accepté d’élargir son conseil d’administration de 24 à 25 membres, afin de donner un siège supplémentaire à l’Afrique, qui en détenait jusqu’à présent deux.

“Malgré toutes les difficultés, je ne peux que féliciter nos membres d’avoir trouvé cette voie de solidarité, dont dépendent des centaines de millions de personnes”, a déclaré Mme Georgieva, soulignant que la décision avait été “unanime”.